It was our French conversation group today, and by popular demand our leader had a poem for us. I read many works by french poets when I was at school and college, and for a while after, but my interest drifted. So today we had a poem.
Le Paysage
J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour
Ce n’est plus ce bouquet de lilas et de rose
Chargeant de leurs parfums la forêt où repose
Une flamme à l’issue de sentiers sans détour.
J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour
Ce n’est plus cet orage où l’éclair superpose
Ses bûchers aux châteaux, déroute, décompose,
Illumine en fuyant l’adieu au carrefour.
C’est le silex en feu sous mon pas dans la nuit,
Le mot qu’aucun lexique au monde n’a traduit
L’écume sur la mer, dans le ciel ce nuage.
À vieillir tout devient rigide et lumineux,
Des boulevards sans noms et des cordes sans nœuds.
Je me sens me roidir avec le paysage.
Robert Desnos
I had never heard of Robert Desnos, and nor had the rest of the group, but we all loved the poem. The imagery is just wonderful, lilac and roses and forests, lightning illuminating the chateaux with firebrands, the adjacent images of sea-foam and clouds, and ‘des boulevades sans noms, des cordes sans nœuds’ streets without names and cords without knots…
By some very strange coincidence, this is the anniversary of Robert’s birth, July 4, 1900, in Paris. He had humble beginnings, his parents had a café and he went to an ordinary commercial college and then became a clerk. I must find out more about him but from being a clerk he began to write a newspaper column for Paris-Soir. He was only nineteen when his first poems appeared in a Dadaist magazine called Littérature, and three years later he published Rrose Selavy.
Twenty years after his first poems were published, at the start of the war, Robert joined up. He was part of the Resistance in Paris and eventually he was arrested. Robert was sent to Auschwitz, then Buchenwald, Germany and finally to Theresienstadt. The camp was liberated on May 8th 1945; exactly a month later, on June 8, Robert died.
J’ai tant rêvé de toi
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos